18 / 08 / 14 : 23 : Un petit dernier vite fait avant de prendre la route, tout à l'heure pour le retour à la "civilisation"...

Publié le par Luigi MANATA

LES PLAISIRS DE LA CAMPAGNE

 

Pour un pur citadin et un profane du monde paysan, aller à une foire aux bovins au pays des terribles Petzouilles est une entreprise qui peut paraître désuète, dénuée d'intérêt et surtout fort périlleuse. Mais notre envoyé super spécial n'a pas hésité une seconde à faire don de sa personne pour assister à l'un des derniers rites initiatiques païens issu de la nuit des temps.

Ambiance : musique "4ème rendez-vous" de Michel Jarre, présentateur à la voix chaleureuse parlant avec amour, professionnalisme et reconnaissance des bêtes ; les présentant encore mieux que s'il s'agissait de personnes, avec leur nom, celui des parents et ascendants, le rappel de leur palmarès et de leur carrière, leurs caractéristiques de production, leurs traits de caractère et le clou : la description physique de la bête.

O adorateur de la vache, ferme les yeux ou adopte le regard flou, et laisse-toi porter par les mots : la forme des mamelles, l'arrière-train, la poitrine, les différentes tailles et leur placement, la queue, la production laitière, la place des doigts ou tiges (pour les mamelles), leur tenue, … Laisse-toi transporter par l'attitude amoureuse des gens qui applaudissent et les odeurs fortes de la campagne avec lesquels se mélangent les parfums (un rien entêtants) des personnes présentes. Capte et médite sur le regard bovin de la vache (pléonasme ?). Ben oui quoi ! Crévingtdieux, je me demande bien pourquoi on associe la bêtise à l'adjectif bovin et la vache à la méchanceté, ainsi qu'à toutes sortes de formules négatives comme : le vache, la vacherie, la peau de vache, la grosse vache, la vache à lait, la vache qui rit (ça c'est pour voir si tu suis), … ; alors que si on observe bien son regard, il transparaît de la lascivité, de la langueur, de la sagesse et un irrésistible appel à la tendresse... Une fulgurante révélation m'apparut alors, je compris pourquoi un hindou avait pu, dans un délire mystique ou sous l'abus de plantes naturelles psychotropes où il confondit fantasme et réalité, déclarer les vaches sacrées et qu'elles sont les réincarnations de sages.

Avec tout ça, forcément tu as l'impression d'assister en fait à une grande parade érotique, pour ne pas dire une immense partouze pornographique à peine masquée. Ah comme je comprends mieux l'amour de ces paysans là (parce qu'il y en a d'autres qui continuent à être des ordures avec leurs animaux) pour leurs bêtes et comme le mot "sublimation" prend alors tout son sens.

 

Je ne me connaissais pas ces penchants zoophiles (il va vraiment falloir que je travaille ça… non je déconne), mais vraiment je ne regrette pas d'avoir raté l'élection de Miss Marvejols. Je suis certain qu'en aucune manière, cette mascarade humaine n'a pu atteindre ces sommets d'érotisme.

Fantasmes mammaires banals ou conscience renouvelée que la libido est partout ? Je laisse à la lectrice éclairée le choix de se faire une opinion…

 

La vente aux enchères se poursuivit, animée par un dynamique et sautillant Québécois qui nous la fit sur le mode Gilles Vigneault, qu'on se serait cru à un bal de là-bas. Il était si difficile de ne pas se déhancher en mesure que je n'y résistais pas et exécutais "danse avec les vaches" en deux temps trois mouvements… Emporté par mon élan extatique, je me mis alors à ouvrir les enclos où étaient retenues prisonnières mes consœurs… Ce n'est pas tant le bruit du gyrophare de l'ambulance qui me sortit de ma transe, que la vue de paysans qui s'approchaient de moi leur fourche à la main… C'est alors que je compris qu'il était temps de s'éclipser rapidement… d'autant que de nouvelles aventures m'attendaient sur Paris…

 

C'était un bref reportage de ton envoyé super spécial, grand reporter au cœur de la France profonde et de l'enfer paysan (si avec ça j'ai pas le prix Pulitzer, j'ai plus qu'à aller faire une enquête de six mois dans une étable…).

 

Bises à plus, sur Paris…

 

Luigi

 

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A partir de mon retour sur Paris, la longueur de nos mails diminue, leur contenu devient plus anodin… et nos conversations téléphoniques s'éternisent…

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