05/12 - 02 : 53 - Quelle histoire ???...
Chère Mélusine,
Tu voulais savoir ce que cela me ferait, si tu me quittais, eh bien… tu n'en sauras rien. Cela m'appartient et je ne vois pas ce que cela changerait que tu le saches maintenant.
Ce qui est sûr, c'est qu'en me quittant, tu m'évites d'avoir à répondre à une question qui ne trouvait pas de réponse en moi et qui me minait : "malgré tout l'amour que j'ai pour elle, ai-je encore le temps d'aimer une femme qui ne sait pas si elle pourra ou voudra me transmettre un enfant ?"
Je te remercie de te livrer si totalement à moi, mais vois-tu il y a tant de "croyances", de malentendus, et de contresens dans tes mots qu'il m'est un peu difficile de répondre à tout, d'autant que je ressens une très grande fatigue…
Tu dis "nous" pour dire que "nous avons vécu une fusion", mais tu te trompes totalement.
S'il y a un endroit où je n'étais pas avec toi, c'est bien là, sauf bien sûr quand nous faisions l'amour. Et c'est bien ça qui était si nouveau et si passionnant avec toi : le sentiment d'avoir enfin rencontré et de désirer une personne pour ce qu'elle est. Enfin une femme qui n'était pas issue de mes fantasmes, enfin une relation dans laquelle j'avais l'espoir de ne pas me perdre, mais plutôt de me retrouver... D'où mon besoin d'ajuster mes propres croyances sur le "véritable amour".
Alors pour ce qui concerne la fusion et les sentiments qu'elle provoque tu te trompes, c'est toi qui t'es abandonnée à ça et c'est quand j'ai senti ça (à travers les multiples signes de tes évitements, de tes dénégations, de tes regards noirs, de tes secs "ciao", de tes exigences, de ta "victimisation", de tes paniques, de tes faiblesses à peine contenues, de tes blessures si maladroitement dissimulées, si mal cicatrisées, … sans que jamais tu ne t'inquiètes des difficultés que moi-même je pouvais traverser…), que j'ai commencé à être "résistant"… Jusqu'à ma crise d'angoisse d'il y a 10 jours, qui est un signe, s'il en est, que mon inconscient ne veut pas, à aucun prix, retourner dans le néant de la fusion.
Tu sais la fusion avec une femme, je connais, et j'ai eu suffisamment de mal à en sortir, pour te dire que vraiment ça n'était pas ce que je vivais avec toi.
D'ailleurs, relis ta lettre en remplaçant le "nous" par le "je" à partir du deuxième paragraphe jusqu'à la fin, et tu comprendras certainement quelque chose que tu n'avais pas vu avant.
Alors bien évidemment, vu de ta position actuelle, cela te paraît impossible que je puisse t'aimer tout en restant lucide sur ce que tu as été, ce que tu es, ce que tu seras. Cela te paraît incroyable que je puisse te désirer, même en n'étant pas sûr de mon amour. Cela te paraît inconcevable que je puisse souligner une incohérence chez toi, en employant le terme de "schizophrène" (qui n'est pas répertorié comme une insulte), sans que cela ne prenne des proportions complètement dramatiques et sans que cela ne devienne une atteinte à la personne toute entière… Idem pour Jules et ta relation avec lui. Mais il est vrai qu'un des endroits où l'Histoire (avec un grand H) est une longue répétition est probablement cette lutte éternelle et à mort, que les femmes mènent contre tous les hommes qui essayent de les décoller de leurs enfants.
Je suis désolé de t'avoir blessée si c'est le cas, mais qu'ai-je blessé en toi ?... Tu as droit à tes incohérences et à toutes les maladies que tu veux, tant que tu n'en théorises pas les conséquences, en essayant de me faire croire que tes sentiments ne mentent pas… que c'est l'Amour qui te fait souffrir.
Non vraiment et quoi que tu en dises ou que tu crois, l'Amour qui souffre n'est pas de l'Amour. Et confondre les douleurs dans lesquelles nous précipitent inévitablement l'Amour avec l'Amour lui-même est une erreur malheureusement fort commune. Refuser d'affronter ces douleurs en fuyant l'Amour, c'est se condamner à ne jamais connaître l'Amour.
Les choses sont bien plus simples à vivre que tu ne t'y prends pour le faire, mais beaucoup plus difficiles à expliquer, sans faire de confusion de niveau, que tu voudrais te le faire croire.
D'ailleurs, je ne comprends pas ce qui ne te convient pas dans notre relation, qui viendrait de mon fait … Pour moi seules nos conditions matérielles relationnelles (éloignement géographique, conditions de travail, obligations diverses et variées, …) étaient pénibles, mais elles n'étaient pas les plus difficiles à changer.
De même, je me demande ce qu'il peut y avoir de mieux pour moi ou pour toi… ??? C'est gentil de te préoccuper de ce que je "mérite" ou pas, mais là, la ficelle est un peu grosse.
Je te remercie de tes remerciements et j'en ai au moins autant pour toi. Mais tu me permettras, compte tenu de ma très grande fatigue, de ne pas t'en énumérer tous les trésors… Peut-être une autre fois.
Je t'embrasse, amicalement.
Luigi